Fiche n°12 : La question des emplois
Environ 1850 emplois, aéroportuaires et fortement liés, seraient transférés du sud de Nantes au nord de Nantes, aggravant ainsi le déficit actuel des emplois du sud de Nantes. La construction d’un nouvel aéroport et des routes y conduisant emploierait 700 personnes du BTP pendant 4 ans… mais elle supprimerait entre 500 et 700 emplois, agricoles et liés, emplois pérennes et non délocalisables.
« L’aéroport du Grand Ouest, c’est plus d’emplois ! »[1] affirment ceux qui soutiennent le projet. Qu’en est-il ?
De 1700 à 2000 emplois seraient transférés du sud de Nantes (lieu de l’aéroport actuel) au nord de Nantes (NDL)[2] .
Les emplois susceptibles d’être transférés
Tableau extrait de l’étude du CETE Ouest, février 2011
interrogé le 3 décembre 2012 sur France Inter
Une étude de début 2013 de la CCI de Nantes Saint-Nazaire actualise le nombre d’emplois : 1986 ETP (équivalents temps plein).
La fermeture de l’aéroport de Nantes Atlantique fragiliserait le site d’Airbus qui se trouve à proximité (2000 emplois). Rien n’est décidé quant au devenir de la piste actuelle dont Airbus demande le maintien. Il est probable que la piste et un minimum d’équipements resteraient pour Airbus. Mais qui va assurer, payer le fonctionnement de cette piste ? L’Etat a dit non, Vinci aussi, les collectivités locales réfléchissent…
Il y a déjà un déséquilibre entre le sud et le nord de Nantes du point de vue des emplois : plus d’emplois dans les quartiers et communes nord de Nantes. En 2008, la répartition des emplois salariés sur l’agglomération (hors Est et Ouest) est la suivante :
- 128 000 quartiers et communes nord de Nantes
- 47 400 quartiers centre
- 69 700 quartiers et communes sud de Nantes
Une des conclusions de l’Agence d’Urbanisme de l’Agglomération Nantaise au sujet du devenir de la zone qui serait libérée par le transfert d’aéroport : « Poursuivre le rattrapage de l’emploi »[3] . Avant de rattraper, il serait logique de ne pas aggraver.
Côté Notre Dame des Landes, 560 à 700 emplois agricoles et induits disparaitraient : on compte que dans les cinq ans, une centaine d’emplois agricoles disparaitraient avec la disparition de plusieurs exploitations soumises à une forte pression foncière. Pour chaque emploi agricole, on compte 5 à 6 emplois induits (en amont ou en aval), ratio plutôt plus élevé dans l’élevage. Ce sont des emplois pérennes et non délocalisables.
Certes, la construction d’un aéroport et de son barreau routier créeraient de l’emploi. Vinci annonce « 3000 emplois pendant le temps de la construction ». Attention il s’agit d’équivalents temps plein. Maintenant il est annoncé 4 500 000 heures de travail. Cela veut dire 700 emplois pendant 4 ans.
Sur ces emplois de Travaux Publics avec Vinci, ce témoignage qu’un Lyonnais a adressé à l’Acipa est intéressant :
Vinci s’est parait-il engagé à faire travailler des entreprises de TP locales. En fait, il est probable que si l’activité du BTP est faible au moment de la construction, ce seraient effectivement les établissements locaux qui seraient employés, dans le cas contraire, Vinci ferait appel à d’autres sociétés.
Les emplois créés par l’activité croissante de l’aéroport : il est annoncé de 800 à 1000 emplois nouveaux par million de passagers supplémentaires. Ce ratio est calculé sur les très grands aéroports[4] (hubs) ou il y a du transit et du fret, il ne s’applique pas à Nantes. Aujourd’hui, on a sur Nantes 550 emplois (ETP) par million de passagers[5] . Si le trafic progresse, le nombre d’emplois augmentera, que ce soit sur NDL ou sur Nantes Atlantique.
Quid de l’emploi qui pourrait disparaître sur les « petits » aéroports proches ? Angers (aéroport créé il y a moins de quinze ans et vide), Rennes (géré par Vinci), autres aéroports bretons ? Aucune étude à ce jour ne s'en est préoccupée.
Lors du forum sur les Grands projets inutiles et imposés de 2011 à ND des Landes, on a pu réaliser à quel point cet argument sur la création d’emplois était un cheval de Troie pour tenter de faire accepter les projets par les populations concernées. Exemples de construction de multiples golfs en Grèce , de raffinerie d’huile de palme dans le sud de la France (abandonné depuis par l’entreprise !), etc.
[1] Campagne de publicité de février 2013 payée 300 000 euros : « Le nouvel aéroport c’est plus d’emplois, plus de voyages, plus de visiteurs »
[2] Source : étude du CETE Ouest, février 2011
[3] Source : réunion publique à Bouguenais, mai 2010
[4] En outre, c’est un taux moyen qui mesure l’existant, qui a d’ailleurs tendance à baisser. Ce n’est pas un taux marginal : quand le trafic augmente de tant, de combien augmente l’emploi. Etude CE Delft 2012 pour Advocnar qui démonte l’utilisation abusive de ce ratio, y compris pour les hubs : http://www.advocnar.fr/sites/resources/files/Actions/Publications/CE_Delft_7621_Restrictions_Vols_Nocturnes_FINAL.pdf
[5] 1986 ETP pour 3,6 millions de passagers, source CCI 2013
[6] film Golfland, http://www.golfland.gr/en/golfland_movie.php
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